Slow (and Wonder) Food : Chez Panisse Café
La montre nerveusement regardée jusqu'à l'heure choisie, les joues roses, les jambes tremblantes, le coeur battant. Un premier rendez-vous – les marches molletonnées gravies une à une, les yeux mi-clos, pour s'imprégner plus encore du lieu et des parfums.
Lumières tamisées, ambiance feutrée, l'entrée est magique : un immense comptoir derrière lequel tous s'affairent du commis au chef, dévoilant les plaisirs à venir. Aux murs ivoires, des affiches de cinéma, l'immense tête de Raimu aux couleurs fanées – César, Marius, la tendresse d'Alice Waters pour la France. Les menus sont apportés discrètement, le choix est difficile.
Autant l'avouer d'emblée, l'entrée ne m'a pas séduite, comme de premiers mots maladroits. J'avais choisi une salade de tomates Heirloom, aïoli et basilic, pour découvrir l'art du « simple food », pour retrouver le goût acidulé de vraies tomates, le coup de fouet de l'ail (si difficile à trouver ici). Tout était trop tendre, les tomates sucrées et ennuyeuses, la sauce un peu trop salée et surtout sans relief. Nulle émotion.
Est arrivée la cuisse de canard rôtie au four à bois, sa salade de frisée et haricots verts, ses figues délicatement confites, son sublime toast de foie. Parfaite. La viande savoureuse se délitait exactement comme il faut, les haricots divinement craquants et assaisonnés à merveille, le toast croustillant. Le Zinfandel de Chez Panisse, bien conseillé par le serveur, s'est formidablement accordé au plat. Exquis – comme une conversation qu'on laisse traîner, quelques regards malicieux, des hésitations
Le doux sorbet de pluot, voguant dans un Moscato d'Asti percutant, accompagné de son affriolant « puff twist » achève les dernières réticences. Assez sucré, certes, mais les saveurs et les textures se répondent si bien, comme une promesse de deuxième rendez-vous.
(edit du 9 octobre : le pluot, c'est ça (clic))
Chez Panisse Café, 1517 Shattuck Avenue, Berkeley, CA