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Greshka & Camille
18 juillet 2015

La solitude relative du touriste à Beyrouth

 

 

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Work in progress

De l’aéroport Rafik Hariri au cœur de Beyrouth, la voyageuse est étourdie par le chaos des immeubles immenses du quartier Sud, tours ocres voilées à chaque étage, vies masquées des regards impudents – sur les balcons piaulent les canaris en cage, et personne d’autre.

Beyrouth est violemment belle. Les grues infirmières réparent, reconstruisent et veillent, attentives, à la convalescence de la ville. Beyrouth, ville nouvelle, visage refait et corps encore marqué de plaies.

Le cœur artificiel de la ville est une étoile, immeubles très neufs au sourire drôlement figé, sans aspérité ni âme qui y vive. Le souk n’a rien d’un dédale, magasins proprets alignés occidentaux. Le front de mer est ultra aseptisé, dents-tours éclatantes, digue bétonnée botoxée, pas un grain de sable ne subsiste. Il faut détourner le regard et l’intérêt.

La mosquée Al-Amin m’a subjuguée trois fois, rondeurs bleues hypnotisantes et fier minaret où la voix suave du muezzin appelle régulièrement à la prière et masque la plainte incessante de la ville (mais pas les logorrhées stridentes de la rue). (Malgré l’absence de ses semblables, ni chapeau mou, ni gros appareil photo, le touriste n’est jamais vraiment seul, tiré de sa torpeur contemplative par les sollicitations incessantes des taxis : les uns derrière les autres le klaxonnent pour proposer une course). Plus loin, Ashrafieh expose ses cicatrices, écorchures innombrables, immeubles sommairement recousus de grosses pierres sur les façades délicates ; les fils dépassent encore. Les chats-parasites pullulent, mendiants malingres attendrissants qui regardent les clients des restaurants avec un amour absolu.

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La fameuse mosquée

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La lanterne verte de Beyrouth

Les restaurants à Beyrouth, d’après mon expérience, proposent presque tous la même carte de cuisine libanaise (sauf à vouloir manger français, italien ou burger). 

Les starters sont les mezzés. Mes préférés sont la salade fattoush et le moutabal. La salade fattoush contient des petits concombres, des feuilles de pourpier, des tomates, des radis ronds, de la salade croquante, le tout assaisonné de citron, de sumac et qu’on doit demander  « debs remmen », avec la mélasse de grenade si joliment acidulée. La meilleure que j’ai mangée est chez Abdel Wahab (cf. mini liste ci dessous). Le moutabal est une sorte de purée délicate d’aubergine, au goût fumé présent, la texture irrégulière et fondante, le tahini mousseux et en pointe acidulée de la mélasse de grenade. (Le labneh, nuage de fromage blanc, est très bon en mezzés mais surtout délicieux au petit déjeuner).

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La salade fattoush d'Abdel Wahab

Les mezzés accompagnent très bien un plat de viande. Les kebbehs peuvent désigner, en starters, de petites boulettes pignons de pins et viande hachée (miam), et on the grill une immense boule de viande hachée (chez Karam, c’est très bon). Les kebabs sont toutes les viandes grillées, parfois des brochettes de viande hachée (le kebab de la maison, chez Karam, viande hachée et amandes, trop bon), parfois des morceaux entiers grillés (Eggplant kebab recommandé, chez Abdel Wahab). Un jellab (sorte de jus de dattes, pignons de pin), un verre de vin libanais  ou une bière locale sont parfaits. 

Outre Abdel Wahab et Karam que je recommande, Em Sherif a très bonne réputation, cependant il faut y aller déguisé. Mon collègue et son petit tapis de yoga ont été refoulés. (Les restaurants sont globalement un truc de gens déguisés / riches – ou alors ce sont de petites échoppes monomaniaques du houmous ou du namoura, gâteau de semoule au fromage frais et à la rose par exemple). 

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Le jellab

Refaire du moutabal / babaganoush / baba ghanouj à la maison, recette de mon ami R.  (dont les parents fabriquent leur propre labneh, leurs olives, leur huile et, évidemment leur moutabal) (et qui a relu la partie nourriture de ce billet) 

Pour 3 personnes, il faut : 2 aubergines, 1 càs de tahin (purée de sésame), 1 citron, 1 gousse d’ail et de la mélasse de grenade (c’est facultatif mais c’est trop bon).

0 Préchauffer le four à 210°c en chaleur tournante ou 220°C sans chaleur tournante

1 Percer 2 aubergines de 4 trous fins

2 Mettre les aubergines au four environ 45 minutes ( 20 minutes sur une face , puis la retourner et la laisser 15 minutes à la même température, puis la retourner sur le côté pour 5 minutes et l’autre face pour 5 minutes)

3 Peler (la chair se détache toute seule), bien écraser la chair.

4 Ajouter une cuillère à soupe de tahin, le jus d’un citron, une gousse d’ail écrasée

5 Goûter, saler et poivrer à convenance, décorer avec de la grenade ou des framboises. Deb Remmen : ajouter une càs de mélasse de grenade. 

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Le moutabal de Rossi (la couleur est toujours tristoune c'est normal) (et il est HYPER BON)

 Les autres photos ici (clic !).

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évidemment, je ne résiste pas à la photo du chat-pigeon libanais

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Commentaires
M
Voici un moment que je n'étais pas passée ici... Tu es allée au Liban ! Un de mes rêves, en partie pour la cuisine dont je suis une amoureuse inconditionnelle ;)
G
Cette ville, dont toute ma jeunesse j'ai vu les images de guerre, de ce conflit qui n'en finissait pas, je suis heureuse de la voir belle, vivante, gourmande par tes yeux - meme meurtrie encore, et bordelique (j'adore les autres photos de fils electiques aussi) mais vivante.<br /> <br /> Et j'aime, infiniment, la cuisine libanaise.
C
Aubergine et tahin, j'adopte. <br /> <br /> J'ai déjà le tahin, pour les aubergines, c'est juste une histoire de sortir en acheter !<br /> <br /> Vu que le filet de sardine sur la courgette, c'était juste divin.<br /> <br /> Merci pour les recettes si délicieuses,<br /> <br /> Carole
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