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Greshka & Camille
11 janvier 2011

Des bribes me réveillent - scénarios graphiques sans texture

Dernières nuits éveillées, tenter de m'imprégner encore un peu de ma vie vraie et de menus plaisirs lyonnais. Les bouteilles de vin toujours bien choisies avec mon caviste préféré – des classiques, les côtes du Rhône fruités et francs d'Elodie Balme, de Marcel Richaud, et quelques découvertes formidables, le champagne élégant du domaine Larmandier-Bernier et celui plus complexe de Francis Boulard (je n'aurai pas eu le temps de boire du vin jaune). Les légumes raisonnables de l'épicerie auto-gérée (les veilles de marché, il ne reste rien d'autre que de petits morceaux de courges et quelques poireaux un peu fanés, et je n'aime pas trop leurs cerises l'été parce qu'elles sont trop acides). Le pain croustillant avec du beurre salé, le matin. L'agneau du Paillac dans la boucherie Trolliet (l'exquise souris, braisée longuement avec quelques herbes, juste servie avec quelques navets glaçons glacés et un peu de semoule). Le jaune d'un oeuf frais poché qui s'écoule lentement me bouleverse.

Le plaisir de cuisiner, de nouveau (même si l'art délicat des épices m'échappe un peu en ce moment, travail de longue haleine dévasté par l'hégémonie américaine du sucre et de la sauce soja) (et que certaines recettes, mystérieusement, réussissent moins bien qu'avant *). Les ciels d'hiver à la texture duveteuse, les lumières pâles, le soleil rasant. Le Rhône impétueux, dangereux. Les scènes de théâtre au balcon – le voisin d'en face rit en ombres chinoises sur un mur crème, celui du dessus téléphone en fumant des Malboro à la fenêtre.

Un dernier soupir, avant de retrouver la vie enjouée irréelle. Les étudiants qui rient dans toutes les langues, mais tous et perpétuellement en tenue de sport (le sweat-shirt aux couleurs de l'université est universel). Les bagels-cream cheese du petit- déjeuner. Les bols de riz-sauce soja de la cantine (parce que le reste est vraiment affreux). Le plaisir de grignoter quelques fraises californiennes et des figues délicates, subtilement parfumées. L'immense thermos de café qui m'accompagne à la bibliothèque silencieuse (habitude américaine vite adoptée – depuis, je m'étonne que mon thé refroidisse). La forêt d'eucalyptus sur le campus. La beauté orangée du Nevada et les reliefs photogéniques des routes, des accents magnifiques (celui de l'Arizona, doux et chantant).

DSC_0048

chercher son courrier en pick-up, lunettes noires vissées sur le nez sous le chapeau

D'autres scènes, des écureuils qui courent le long des fils électriques, poursuivent les étudiants et chapardent des miettes de biscuits (on aperçoit parfois des ratons-laveurs, très touchants avec leur petit masque étonné). Les fumeurs d'herbe sur Telegraph Avenue, qui demandent un peu de monnaie pour s'acheter un joint et tentent de vendre des stickers cannabis. Les travailleurs pauvres, pliés sous le poids d'un immense sachet dans lequel ils collectent cannettes et bouteilles pour récupérer de la consigne quelques bucks – si courbés, si discrets, leurs sweat shirts sales aux manches élimés (une autre idée du rêve américain). Les passants qui mangent si souvent, un gargantuesque pot de glace de chez Yogurtland (rien à voir avec Grom, mais là n'est pas la question), un sandwich indélicat de chez Subway, des donuts pas beaux, de la chantilly aux crêpes, l'indétrônable coffee from Starbucks (ou du Coca-Cola). Les épiciers hyper souriants qui vous appellent Sweetheart à la moindre occasion – on s'habitue rapidement à sourire en consommant. Une atmosphère un tout petit peu différente de la nôtre.

* Parmi les recettes évanouies dans mes souvenirs (que j'ai tenté de rassembler), celle-ci : 

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de petites galettes de courges et carottes râpées en égale quantité, mélangées avec une demi-pomme acidulée râpée  (une grande carotte est largement suffisante pour une petite entrée pour 3-4 personnes, soit une dizaine de galettes), deux oeufs et une belle cuillère à soupe de farine. (faire de petites galettes et les griller recto verso dans un peu d'huile en les surveillant)
edit du 16/01/11 : il faut ajouter au mélange une ou deux gousses d'ail pressée, un demi-pouce de gingembre râpé et une demi càc de curry 

le plus important est de les servir avec une vinaigrette vraiment vinaigrée et très très pimentée (d'Espelette)

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Commentaires
C
Ne pleure pas Mingou, je suis sûre que tu trouveras un nouveau prince-boucher charmant. Avec de somptueuses côtes de boeuf.
M
J'avais (maudit imparfait) un boucher très aimable, mais ce n'est pas H.D. Si j'avais pu t'accompagner au musée de la vie romantique, je te l'aurais présenté.<br /> Malheureusement, je vais devoir m'en trouver un autre... (sanglot étouffé)
C
C Framboise, c'est vrai, le curry n'est pas indispensable - j'en ajoute plutôt une pointe, ça reste discret
C
Du curry vraiment? Je l'imaginais sans. Le goût sucré des légumes et le parfum du piment d'Espelette me semblaient suffisants.
C
Estèbe, vous êtes trop aimable. La prochaine fois, je tente un Arcimboldo<br /> <br /> Edda, merci. Je suis ravie que le ciel te touche :)
Greshka & Camille
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